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Suisse: la banque centrale crée la surprise avec une baisse de taux face aux incertitudes économiques

La banque centrale suisse a créé la surprise jeudi en réduisant son taux directeur d'un demi-point de pourcentage face aux incertitudes tant au niveau de l'orientation future de la politique économique aux Etats-Unis que des questions politiques en Europe.

La banque nationale suisse (BNS) avait déjà abaissé son taux directeur à trois reprises depuis mars, avec une coupe d'un quart de point de pourcentage à chaque fois, mais a opté jeudi pour une réduction plus marquée, ramenant ainsi son taux directeur à 0,50%.

La BNS a également abaissé ses prévisions d'inflation à 1,1% pour 2024 (contre 1,2% lors de sa précédente réunion trimestrielle en septembre) et à 0,3% en 2025 (contre 0,6% précédemment), mais a légèrement relevé sa prévision pour 2026, à 0,8% (contre 0,7% auparavant).

Elle a par contre maintenu ses prévisions pour le produit intérieur brut (PIB) à 1% en 2024 et 1,5% en 2025, estimant que l'économie suisse "devrait se redresser quelque peu l'an prochain, mais seulement faiblement en raison de la conjoncture modérée à l'étranger", a-t-elle indiqué dans un communiqué.

"Lors de l'examen de septembre, nous avions indiqué qu'un nouvel assouplissement de la politique monétaire pouvait s'avérer nécessaire", a déclaré Martin Schlegel, son nouveau président, lors d'une conférence de presse à Berne.

"Depuis, l'inflation a de nouveau reculé", a ajoute M. Schlegel, qui a repris les commandes de l'institution monétaire début octobre.

L'inflation en Suisse se situe à un niveau bien plus faible que dans la zone euro et de nombreux économistes s'attendent à ce qu'elle continue de décélérer rapidement avec la baisse prévue des prix de l'électricité en janvier en Suisse. En novembre, l'inflation se situait à 0,7% sur un an dans le pays alpin, contre 2,3% dans la zone euro.

L'écrasante majorité des économistes s'attendaient à une baisse d'un quart de point de pourcentage, même si beaucoup n'avaient pas exclu que la BNS aille plus loin au vu de la décélération très rapide de l'inflation mais aussi du ralentissement de la croissance économique en Suisse.

Au troisième trimestre, la progression du produit intérieur brut (PIB) s'est limitée à 0,2% (contre 0,4% au deuxième trimestre) alors que l'industrie pâtit d'une baisse des commandes venant d'Allemagne. La force du franc suisse ajoute une difficulté supplémentaire, renchérissant les coûts à l'exportation.

- Perspectives "floues" aux Etats-Unis -

Cette coupe de la BNS a été "une surprise par la plupart des économistes", a réagi Adrian Prettejohn, économiste chez Capital Economics, qui attend encore "au moins une autre baisse de taux supplémentaire l'an prochain", a-t-il indiqué dans un commentaire de marché.

Vers 10h20 GMT, le franc suisse reculait de 0,39% à 0,9315 franc suisse pour un euro.

Lors de la conférence de presse, Antoine Martin, le vice-président de la BNS, a expliqué que "l'incertitude concernant les perspectives économiques s'est accrue durant ces derniers mois", notamment concernant "l'orientation future de la politique économique aux Etats-Unis".

Pour l'heure, les marchés n'ont pas "une idée très précise" de ce que compte faire l'administration du président-élu Donald Trump. Et les éventuelles répercussions sur l'inflation des droits de douane évoquées tout au long de sa campagne électorale "restent floues" pour l'instant sur l'inflation, a-t-il ajouté.

De plus, "l'incertitude politique a également augmenté en Europe" et "les tensions géopolitiques pourraient affaiblir la conjoncture mondiale", selon lui.

En Suisse, la décision de la BNS a été favorablement accueillie dans l'industrie.

"La baisse des taux d'intérêt est une bonne mesure", a déclaré Nicola Tettamanti, le président de Swissmechanic, une organisation patronale qui représente les PME dans l'industrie. Il espère que cette baisse "créera une marge de manoeuvre pour de nouveaux investissements".


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